Page:Audubon - Scènes de la nature, traduction Bazin, 1868, tome 2.djvu/496

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la terreur, quand on les prend, n’en cherchent pas moins toutes les occasions de mordre. Ai-je besoin d’ajouter que quelques-uns, comme la crécerelle et l’épervier, mordent et griffent avec autant d’effet que de bonne volonté ?

» En fait de chasse aux oiseaux, je n’ai jamais rien vu de plus lamentable que la scène dont je fus un jour témoin, au-dessus de Cramond-Bridge, près d’Édimbourg : un Cincle qui avait eu les poumons traversés par un coup de feu, était resté sur place, les jambes ployées, les ailes tombantes et la tête penchée, sans faire le moindre effort pour s’échapper, et paraissant insensible à tout ce qui se passait autour de lui. Le sang lui dégouttait du flanc et bouillonnait dans sa gorge, que le pauvre oiseau essayait en vain de débarrasser. Par intervalles, des spasmes violents soulevaient sa poitrine, et étaient suivis d’un effort pour vomir. Il y avait bien cinq minutes qu’il était dans cet état lorsque j’arrivai sur lui et m’en emparai ; il expira dans ma main. Au moment de l’agonie, sa pupille se contracta de façon à ne présenter plus qu’un simple point, puis aussitôt après se dilata. Alors la paupière inférieure commença à s’élever graduellement et finit par lui recouvrir l’œil. C’est ordinairement ce qui arrive chez les oiseaux, lesquels n’expirent pas les yeux ouverts, ainsi que cela a lieu pour l’homme et la plupart des quadrupèdes.

» À en croire les auteurs, la nourriture du Cincle consisterait en petits poissons, crevettes et insectes aquatiques. Ainsi, d’après Willughby, « pisces predatur, nec insecta aversatur ». Montagu dit en avoir vu un