Page:Audubon - Scènes de la nature, traduction Bazin, 1868, tome 2.djvu/5

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Leurs grandes migrations du printemps commencent, dans nos districts du centre et de l’ouest, à la première fonte des neiges, ou du 20 mars à la fin d’avril ; mais le moment précis du départ dépend toujours de l’état plus ou moins avancé de la saison. Les troupes immenses qu’on voit hiverner dans ces grandes savanes ou prairies marécageuses du sud-ouest du Mississipi, comme il en existe dans l’Opelousas, sur les bords de la rivière Arkansas, ou dans les clairières éternellement désolées des Florides, reprennent souvent leur vol en se dirigeant vers le nord dès le mois de février ; en effet, les individus appartenant à des espèces plus éloignées des lieux où presque toutes elles finiront par se rassembler, doivent naturellement songer au retour avant celles qui ont passé l’hiver dans des stations plus rapprochées.

J’ai lieu de croire que tous les oiseaux de cette espèce qui, chaque printemps, quittent nos États pour les pays lointains du nord, se sont accouplés préalablement à leur départ. Cela tient nécessairement à la nature du climat où ils font leur résidence d’été ; la belle saison y est si courte, qu’ils ont à peine le temps suffisant pour élever leurs petits et renouveler leur plumage. Je fonde mon opinion sur les faits suivants. Très souvent j’ai observé de grandes troupes d’Oies qui prenaient leurs ébats sur des étangs, des marécages, ou même à sec sur des bancs de sable ; et je voyais çà et là les oiseaux précédemment appariés se faisant, dès le mois de janvier, de mutuelles caresses ; tandis que les autres ne s’occupaient qu’à se quereller ou à