Page:Audubon - Scènes de la nature, traduction Bazin, 1868, tome 2.djvu/53

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ment ensanglanté. La perte de quelques plumes, un bon coup de bec sur la tête, suffisent presque toujours pour décider la victoire. Bien que le nid ne soit jamais construit que dans le creux d’un arbre, leur union se consomme uniquement sur l’eau, quand même ils se seraient préalablement donné des preuves de leur amour sur quelque haute branche de sycomore. Pendant que la femelle dépose ses œufs, on voit le mâle voler rapidement autour de la cavité qui la dérobe aux regards ; sa crête est relevée, et il fait entendre un cri d’appel auquel elle ne cesse de répondre.

Sur le sol, le Canard huppé court légèrement et avec plus d’aisance qu’aucun autre de sa tribu. Quand il a touché terre près d’un étang ou d’une rivière, il commence par secouer la queue, regarde autour de lui, et part en quête de nourriture. Il se meut avec une égale facilité sur les larges branches des arbres. Parfois, au bord d’un marais solitaire, j’en ai vu trente à quarante perchés sur un seul sycomore, et je l’avoue, c’était pour moi le plus curieux et le plus charmant spectacle. Ils m’ont toujours rappelé le Canard de Moscovie, dont ils sont comme la fine et délicieuse miniature. Lorsqu’ils veulent marcher, c’est de préférence sur quelque souche inclinée, ou sur le tronc d’un arbre renversé et dont une extrémité plonge dans l’eau, tandis que l’autre porte sur la rive escarpée, et ils se tiennent prêts à s’envoler à la première alerte. C’est ainsi que, dans les grands remous de l’Ohio ou du Mississipi, j’en ai vu des bandes entières s’enlever de l’eau et gagner les bois, quand l’approche d’un steamer leur était signalée. S’ils