Page:Audubon - Scènes de la nature, traduction Bazin, 1868, tome 2.djvu/55

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grain devient laiteux. Ils mangent aussi des insectes, des limaces, des grenouillettes, de petits lézards d’eau, et avalent en même temps quantité de sable et de gravier pour aider à la trituration des aliments.

Le sens de l’ouïe est, chez ces oiseaux, excessivement délicat ; et par ce moyen, ils déjouent souvent les ruses de leurs ennemis le vison[1], le raton et le putois. L’animal qu’ils ont le plus à craindre sur terre, c’est le vil serpent qui rampe jusque dans leurs nids et détruit leurs œufs ; sur l’eau, les jeunes doivent surtout redouter la tortue serpentine[2], l’orphie, l’anguille, et, dans les districts du sud, les coups de queue et les formidables mâchoires de l’alligator.

Ceux qui nichent dans le Maine, le New-Brunswick ou la Nouvelle-Écosse, partent pour le sud dès les premières gelées ; et il n’en est aucun qui passe l’hiver au nord, dans ces régions si reculées. J’ai été très surpris de lire dans Wilson que les canards de cette espèce ne s’attroupent presque jamais au nombre de plus de cinq ou six individus. Un de nos prétendus naturalistes, qui cependant a été plus à même d’étudier leurs mœurs que l’auteur si justement admiré de l’Ornithologie d’Amérique, répète la même erreur et s’imagine, à ce que je me suis laissé dire, que toutes ses assertions sont prises pour la vérité. Quant à moi, ce que je puis affirmer, c’est que j’en ai vu des centaines dans une

  1. Mynx ou mynk (Mustella vison), Putois des rivières de l’Amérique septentrionale.
  2. Snapping turtle (Testudo serpentina, Lin.).