Page:Audubon - Scènes de la nature, traduction Bazin, 1868, tome 2.djvu/63

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étions à terre, aucun de nous n’osait s’aventurer sur les îles que ces vagabonds regardent comme leur propriété, sans être pourvu de bons moyens de défense. Une fois, nous trouvâmes deux de ces misérables à la besogne ; je m’en approchai, leur dis ce que je cherchais, promettant de bien les récompenser s’ils voulaient me procurer des oiseaux rares et quelques-uns de leurs œufs ; ils me donnèrent de belles paroles, mais ne se hasardèrent jamais du côté de notre vaisseau.

Ces gens-là ne négligent pas de ramasser, chemin faisant, le duvet qu’ils peuvent trouver ; toutefois leur imprévoyance est telle qu’ils n’épargnent aucun oiseau ; ils tuent tout : mouettes, guillemots, canards et puffins sont massacrés en masse, les uns pour leurs œufs, les autres seulement pour leurs plumes. Ils sont si acharnés à la destruction, que ces mêmes espèces qui, au dire des rares colons que je vis dans ces contrées, y étaient extrêmement abondantes vingt années auparavant, ont déserté maintenant leurs antiques retraites, pour aller, bien plus haut, se réfugier dans des lieux où elles puissent vivre et élever en paix leurs petits. Au fait, c’est à peine si je parvenais à me procurer un jeune guillemot, là où ces maraudeurs avaient passé ; je n’en trouvai qu’à la fin de juillet, c’est-à-dire après que les malheureux oiseaux s’étaient forcés pour pondre trois ou quatre œufs au lieu d’un, et lorsque la nature étant épuisée et la saison près de finir, des milliers quittaient le pays, sans même avoir rempli le but pour lequel ils y étaient venus. Au reste, cette guerre d’extermination ne peut durer longtemps. Les chercheurs