Page:Augier - Théatre complet, tome 5, 1890.djvu/151

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sance, c’est de me laisser achever mon œuvre. Je n’ai pas besoin de ton respect.

Maximilien.

Mais j’ai besoin de te respecter, moi ! Quelle lutte impie veux-tu établir entre ma tendresse et mon honneur ? Lequel des deux souhaites-tu qui emporte l’autre ?

Giboyer, assis sur le canapé.

Je ne peux pourtant pas te laisser user par la misère !

Maximilien.

Penses-tu que j’accepterai encore tes bienfaits, sachant ce qu’ils te coûtent ? Ne m’as-tu pas mis en état de gagner ma vie et la tienne ? Avons-nous tant de besoins, toi et moi ? Nous connaissons la pauvreté ; reprenons-en gaiement le chemin, bras dessus bras dessous. Ne sera-ce pas charmant de vivre tous deux de notre travail dans une mansarde ?

Giboyer.

Charmant pour moi, oui !

Maximilien.

Et pour moi donc ! Je sais qui tu es maintenant. Je suis fier de loi : j’ai lu ton livre !

Giboyer.

T’a-t-il convaincu ?

Maximilien.

Certes ! (Lui mettant la main sur le front.) Et je ne veux plus que tu avilisses le grand esprit qu’il y a là. — Mon vieil ami, comme tu dois souffrir à vilipender les belles idées dans ce journal d’écrevisses ! Quitte-le, je t’en supplie…