Page:Augier - Théatre complet, tome 5, 1890.djvu/245

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

et que tu t’en allasses au mont-de-piété mettre ta montre en gage pour vingt-cinq francs, avec lesquels nous dînerions très bien.

Henri.

Je ne veux pas mettre ma montre en gage. Ma montre est le seul héritage que m’ait laissé ma grand’mère. (Il se lève, sa palette à la main.) C’est une superbe montre à répétition.

Raoul.

À quoi cela sert-il ?

Henri.

Quoi ? qu’elle soit à répétition ?

Raoul.

Oui.

Henri.

Parbleu ! cela sert à savoir l’heure quand on veut, même dans l’obscurité.

Raoul.

Eh bien, mets-la en gage ; — nous achèterons un briquet.

Henri.

C’est fort spirituel, je veux le croire ; mais je garde ma montre.

Raoul.

Elle a bonne mine dans ta poche.

Henri.

Elle y reste du moins, tandis que l’argent n’y reste pas.