Page:Augier - Théatre complet, tome 5, 1890.djvu/292

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Annette.

Frileux !

Lucien.

Tu en parles à ton aise, toi ! Tu sors de ton appartement bien chaud… un étage à monter… Moi, je viens de chez moi, à travers les frimas.

Annette.

De chez toi ? si matin ?

Lucien.

Est-ce assez correct, hein ? — Il faut dire qu’hier on m’avait intenté une scène à trente-six carats.

Annette.

Qui cela, on ?

Lucien.

Une personne qui m’est… horriblement chère.

Annette.

Je m’en doute bien. Comment s’appelle-t-elle pour le moment ?

Lucien.

Curieuse !

Annette.

As-tu peur de la compromettre ?

Lucien, imitant la voix de son père.

Non, madame ; mais un frère ne doit pas initier sa sœur aux mystères de nos Phrynés modernes.

Annette.

Voyons, papa ; je ne suis plus une ingénue.