Page:Augier - Théatre complet, tome 5, 1890.djvu/310

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Tenancier.

Ne te contrains pas, mon enfant, je l’ai pleurée aussi.

André.

Oui, vous la connaissiez !… La vertu sur la terre ! la loyauté ! l’abnégation !… Enfin, elle est morte. Je suis accouru… trop tard. Elle avait rejoint mon père… et nous voilà tous les deux… Pardon, je fais l’enfant… Alors, comme j’étais obligé de revenir en Espagne, je mis ma sœur en pension chez notre pasteur, qui avait cinq filles ; sa femme était grande amie de ma mère, en sorte qu’Aline se trouva dans une seconde famille, et je retournai à mon poste. J’avais déjà entrevu mon idée, qui est quelque chose comme la suppression de Gibraltar.

Tenancier.

Supprimer Gibraltar ?

André.

Soyez tranquille, je ne suis pas fou. Il ne s’agit pas de démanteler la forteresse ; je n’ai pas assez de canons à ma disposition… Gibraltar est la clef de la Méditerranée ; il s’agit d’ouvrir une autre porte en creusant un canal navigable de vingt-cinq lieues entre Cadix et Rio-Guadiario.

Lucien.

C’est le pendant du canal de Suez.

André.

Tout simplement.

Tenancier.

L’idée est plus belle que pratique.