Page:Augier - Théatre complet, tome 5, 1890.djvu/391

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répété sur tous les tons que tu te ferais sauter au premier désastre…

D’Estrigaud.

C’est vrai !

Navarette.

Je te connais… tu le feras, ne fût-ce que pour ne pas être ridicule !

D’Estrigaud, à lui-même.

Il est certain que j’aurai une contenance piteuse, si je m’en tiens à un pouf vulgaire. Mes professions de foi hautaines deviendront des rodomontades puériles, on en fera des gorges chaudes… Mordieu ! la situation est plus grave que je ne pensais !

Navarette.

Que t’importent de sots quolibets, que tu feras taire avec quelques coups d’épée ?

D’Estrigaud.

Détrompe-toi ! on sait bien que je me bats : on attend de moi une crânerie supérieure au courage du duel ; je me suis vanté de l’avoir, et, si je ne l’ai pas, tous les duels du monde ne m’ôteront pas un pouce de ridicule… Mille tonnerres ! comment sortir de là ?

Navarette.

Accepte mon argent ; personne n’en saura rien, je te le jure.

D’Estrigaud.

Ces choses-là ne restent jamais longtemps cachées. Si tu ne disais rien, c’est moi qui parlerais, et, si ce n’était