Page:Augier - Théatre complet, tome 5, 1890.djvu/448

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D’Estrigaud.

Bragelard, êtes-vous là ?

Bragelard.

Oui, monsieur le baron.

D’Estrigaud.

Dites-moi la vérité… Il ne s’agit pas de me traiter en enfant, j’ai beaucoup de choses à faire avant de mourir.

Bragelard.

On ne risque jamais rien de se mettre en règle.

D’Estrigaud.

Compris. — Approchez-vous, messieurs ; ce que j’ai à dire doit être entendu de tout le monde et je me sens bien faible. (On se rapproche de lui.) Et d’abord je pardonne à tous ceux qui m’ont offensé, monsieur Lagarde ; et, si j’ai moi-même offensé quelqu’un à votre connaissance, messieurs, je vous prie de lui demander humblement pardon pour moi.

Tenancier.

Tous vous pardonnent, monsieur.

D’Estrigaud.

Ah ! si j’avais à recommencer !.. Regrets tardifs ! — Mais au moins est-il un acte de réparation que j’ai encore le temps d’accomplir. Voici une pauvre créature dévouée qui m’a sauvé l’honneur. Je perdais hier huit cent mille francs à la Bourse, je me préparais à me faire sauter la cervelle, quand Navarette arrive chez moi, elle devine mon dessein, elle se jette à mes pieds… « Tout ce que j’ai me vient de toi, s’écrie-t-elle, reprends ton bien ! »