Page:Augier - Théatre complet, tome 5, 1890.djvu/454

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Tenancier.

Elle ne pensait pas s’y trouver seule, vous le savez bien.

Navarette.

Ma foi, je n’en sais rien… et je ne suis pas obligée de dire que je suis arrivée à temps. Vous voyez, messieurs qu’il y a lieu de négocier.

Lucien, après un silence.

C’est bien, madame, nous nous tairons.

André.

Nous taire ? pactiser avec ces gens-là ? Jamais !

Tenancier.

Songe à la réputation d’Annette…

André.

Doutez-vous de votre fille ? (À Lucien.) Doutes-tu de ta sœur ?

Lucien.

Non, certes, mais la calomnie…

André, s’avançant vers d’Estrigaud, les bras croisés.

On la fait reculer en la regardant en face ! — Le monde n’est pas aussi lâche que vous vous le figurez, monsieur le baron. Il prête trop volontiers à vos pareils la complicité de son indolence, et c’est là toute votre force ; mais, le jour où il est mis en demeure de vous juger, où on lui plante devant les yeux les pièces du procès, son arrêt ne se fait pas attendre ! Il est unanime, inflexible, et il vous fait rentrer sous terre. (À Tenancier). Re-