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Page:Auguste de Gérando - La Transylvanie et ses habitants, 1845, Tome II.djvu/260

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rent, est un étang bordé de joncs énormes. II n’y a pas d’arbres ; mais au printemps, une éblouissante verdure, de belles fleurs des champs qui embaument l’air. Tout est calme et désert. Vous entendez seulement des cris étranges, inconnus, poussés par les oiseaux aquatiques que nourrissent les lacs. Vous trouvez là, avec la grave et bonne cigogne de Hongrie, des grues, des buses, des mouettes, qui s’envolent avec fracas à votre approche. De nombreuses sarcelles quittent le bord des étangs, et raient de lignes argentées la surface de l’eau où se reflète le vert des collines. À part ce concert d’animaux, tout est silencieux. Sans l’indispensable moulin qui s’élève près de chaque lac, et les bandes noires de terre labourée qui ondoient sur les collines vertes, on se demanderait si ce pays est habité. De loin en loin est un village. Les chaumières, aux murs de terre, aux toits et aux baies de joncs, s’échelonnent pêle-mêle sur la colline dominée par la maison seigneuriale. Au dessus s’étend un grand nuage bleuâtre causé par les feux allumés devant les cabanes. Faute d’arbres, on se chauffe, comme au désert, avec la fiente des animaux, que l’on mêle d’épis de maïs.

Un voyage à travers ces éternelles collines intéresse, nais attriste singulièrement C’est avec joie qu’au bout de plusieurs heures on rencontre un grand troupeau de moutons, dont le berger, étendu dans son manteau blanc, lève la tête, étonné du bruit, et vous regarde