Page:Auguste de Gérando - La Transylvanie et ses habitants, 1845, Tome II.djvu/29

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de Vienne (environ vingt mètres) coûte cent florins. Ce drap est recherché dans toute la Hongrie ; il se vend même plus loin. Chaque famille possède des métiers qui sont toujours en mouvement, car tous les habitants se livrent à cette fabrication. On reconnaît au premier coup d’œil que les paysans d’Heltau ont une industrie particulière. Les maisons du village sont vastes, hautes, bien bâties et semblent plutôt appartenir au faubourg d’une grande ville. Les hommes que nous vîmes sortir de l’église étaient tous très bien vêtus. Ils portaient des culottes hongroises et de hautes bottes, une veste en peau et un manteau de drap blanc à broderies rouges avec collet carré sur le dos et deux longues manches flottantes. Les femmes étaient coiffées d’un voile blanc, et les jeunes filles, suivant la coutume saxonne, d’un shako de velours noir.

Nos amis d’Hermannstadt, ne sachant trop à qui nous adresser dans ce village, nous avaient recommandé de chercher à tout hasard le pharmacien comme étant le personnage le plus important du lieu. Je ne fus pas peu étonné de le voir répondre en français an discours allemand que je m’efforçai d’abord de lui adresser. Quoique j’ai eu bien souvent, en Transylvanie, la très agréable surprise d’entendre des paroles françaises là où je n’avais aucun droit de l’espérer, j’avoue que dans ce moment surtout je ne m’attendais pas à parler ma langue. J’allai voir avec notre cicérone improvisé un des principaux