Aller au contenu

Page:Auguste de Gérando - La Transylvanie et ses habitants, 1845, Tome II.djvu/294

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

le patrimoine du laboureur, comme le courage celui du soldat ; et en dépit du bien-être, du comfort, et d’une foule de choses qu’on honore aujourd’hui, je me sens peu de goût pour le paysan laborieux et riche, il est vrai, mais dont le gain est la seule préoccupation, et qui n’étend pas sa bienveillance au delà de l’enclos de son jardin. On accuse les Valaques d’une foule de vices ; mais ces hommes dont on condamne la paresse, et la pauvreté qui en est la suite, partageront leur pain de maïs avec l’inconnu qui frappera à leur porte, et ils iront à deux lieues de leur chaumière placer à l’ombre un vase empli d’eau pour le voyageur qui peut passer.

En traversant un village de cette contrée, Harina, sur une hauteur on remarque une petite église surmontée de deux tours carrées. Malgré les mauvais clochers de bois qui la déparent, et la couleur blanche dont elle est affublée, elle offre encore de l’intérêt. L’architecture de ce petit édifice est singulière ; c’est un bizarre mélange de gothique et de bysantin. Des arcades moresques et une niche sculptée donnent du caractère à cette église, qui est délabrée. Au centre le sol est creusé, comme s’il s’y trouvait des sépultures. Le portail, qui était d’albâtre, a été détaché et vendu. Le voisinage du cimetière va bien à cette ruine ; quelques pierres tumulaires se voient çà et là, mais d’ordinaire les tombes ne sont indiquées que par des monticules de terre usés par le pied des passants.