Page:Auguste de Gérando - La Transylvanie et ses habitants, 1845, Tome II.djvu/33

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Ils l’aperçurent enfin à la clarté de la lune. Tous ses compagnons l’avaient abandonné ; un seul fidèle, Nicolas Mikó, était resté près de lui. Le cardinal n’espérait pas de merci. Il reçut ses ennemis l’épée haute ; mais, blessé mortellement au front, il tomba. Mikó se fit tuer à ses côtés. Cette tragédie se passait près du village de Szent-Domokos[1]. Une tradition certaine indique la place même où ils furent égorgés. Blaise Ördög coupa la tête du prince, et le doigt où il portait son diamant, et arriva avec ses trophées à Fejérvár, où Michel l’attendait. Florica, femme du vayvode, ne put retenir ses larmes, et s’écria en sanglotant : Szerakul popa ! szerakul popa ! « pauvre prêtre ! » Michel riait et répétait ces paroles. Cependant le corps et la tête du cardinal furent réunis et déposés dans l’église de Saint-Michel. Le peuple assistait en pleurant à ses funérailles, car on avait pitié de sa jeunesse et de ses malheurs. Par une singulière fatalité, le cardinal André Báthori fut enseveli dans un tombeau qu’il avait préparé lui-même pour son frère.

Quant au vayvode Michel, après s’être vanté d’avoir soumis la Transylvanie pour l’empereur, il lui refusa obéissance et pilla le pays pour son compte. Les Valaques massacraient sans épargner l’âge ni le sexe. Des populations entières fuyaient devant eux. Les prêtres

  1. Saint-Dominique.