Page:Auguste de Gérando - La Transylvanie et ses habitants, 1845, Tome II.djvu/41

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laque pour voir quelques uns des tableaux variés que le défilé déroule long-temps encore. Dans un moment où le chemin tournait suivant un angle presque aigu, nous entendîmes le galop d’un cheval que nous ne pouvions apercevoir. Tout à coup il se montra au détour de la route, balayant le sol de sa queue. Il était monté par un bel enfant de quinze ans, dont les cheveux noirs et bouclés flottaient sous un bonnet de laine à longs poils. Ses doigts étaient chargés de grosses bagues en cuivre, qu’on voyait briller quand il agitait les bras pour exciter sa monture. Le haut de ses bottines était taillé en manière de frange, et le cuir de la ceinture qui retenait son étroit pantalon de drap blanc se cachait sous des boutons de métal. Il passa avec rapidité près de nous, et disparut bientôt derrière un rocher.

Comme nous revenions vers Hermannstadt, nous eûmes une preuve étonnante de la paresse et de l’insouciance que les Valaques ont coutume de professer. Nous rencontrâmes huit cavaliers de cette nation dans un lieu si étroit, qu’il semblait nécessaire que les uns ou les autres retournassent sur leurs pas. Les Valaques en conclurent qu’il leur appartenait de reculer pour nous laisser le passage. Mais en regardant derrière eux, ils virent que le chemin qu’ils allaient refaire avait bien cinquante pas, et, pour éviter cette fatigue inutile, se rangèrent en file sur le bord de l’abîme. Je voulus plutôt reculer moi-même et les faire avancer ; mais on m’a-