Page:Auguste de Gérando - La Transylvanie et ses habitants, 1845, Tome II.djvu/62

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Il est remarquable que cette colonie allemande présente si fidèlement le reflet de la mère-patrie. D’ordinaire la race germanique a peu de consistance : elle se façonne aisément aux idées, aux mœurs, à la langue de la race voisine. Nous en voyons la preuve en Alsace. En Hongrie même, où tant de nationalités distinctes sont en présence, les Allemands tendent de jour en jour à se magyariser. Je me souviens avoir entendu, aux portes de l’Autriche, à Presbourg, deux porte-faix, qui s’étaient chargés de mes bagages, s’apostropher en hongrois. Ils se heurtèrent en descendant du bateau, « Prends donc garde, Allemand ! » dit l’un — « Allemand toi même », repartit l’autre. Le plus curieux, c’est que tous deux parlaient avec un accent germanique très prononcé.

Si, en Transylvanie, les Saxons sont restés Allemands, et n’ont modifié que leur costume, c’est-à-dire s’ils n’ont subi que très légèrement l’influence étrangère, cela tient à des causes particulières, que nous ferons connaître en peu de mots. D’abord les rois de Hongrie leur donnèrent un territoire séparé, et leur permirent d’y développer les institutions politiques dont ils avaient apporté le germe, institutions, on l’a vu, qui rappellent celles de nos anciennes communes. En outre les autres Transylvains ne pouvaient acheter d’immeubles sur les terres des Saxons : au contraire tout Allemand qui arrivait parmi eux recevait à l’in-