Page:Auguste de Gérando - La Transylvanie et ses habitants, 1845, Tome II.djvu/71

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Le mécontentent des Saxons ne se révélait pas seulement par une résistance armée : il se manifesta encore par certaines satires dans le goût de celle-ci, que je cite de préférence. Quand la Transylvanie était tributaire du Grand-Seigneur, on voyait à Hermannstadt un hôtellerie qui avait pour enseigne : À l’empereur de Turquie. Lorsque cette province changea de souverain et se donna à l’Autriche, l’image du sultan disparut, et l’auberge reçut en échange le nom significatif de l’Âne gris. Pour que les Saxons osassent exprimer aussi hautement leur répugnance, il fallait qu’ils se sentissent forts. Toutes les cités saxonnes étaient alors industrieuses et florissantes. Il y avait dans cette population commerçante quelque chose de la fierté démocratique qui animait les villes de Flandre au 14e siècle. Lorsqu’aux époques de guerre civile je vois les artisans de Cronstadt marcher en armes contre les princes, je me souviens des gens de Liège livrant bataille à la chevalerie du duc de Bourgogne.

De nos jours cette fierté a disparu, et les paisibles Saxons osent à peine porter leurs justes plaintes aux pieds du souverain. Il y a quelques années la diète de Transylvanie envoya des députés à l’empereur François pour lui faire, au nom du pays, des représentations énergiques. Le jour de l’audience, comme les députés hongrois et sicules se préparaient à remplir leur mission, les envoyés saxons leur firent dire qu’une indisposition subite