Page:Auguste de Gérando - La Transylvanie et ses habitants, 1845, Tome II.djvu/75

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thétique, s’écriait que les Turcs n’avaient jamais imposé leur langue à qui que ce fût, sans songer que, si les Turcs n’imposaient pas leur langue aux Saxons, ils les mettaient hors d’état d’en parler aucune, puisqu’ils les égorgeaient. Au milieu du tapage, quelques membres exprimèrent des opinions modérées. Un jeune député hongrois, le comte Emeric Bethlen, essaya d’accommoder les partis en demandant que le texte des lois en question restât allemand, mais que l’explication en fût rédigée en hongrois. Par ce moyen la susceptibilité des Saxons pouvait être satisfaite, et la légitimité de la langue magyare n’en était pas moins reconnue. Cet avis ne fut pas écouté, sans doute parce qu’il était sage. Deux députés saxons se hasardèrent à dire que les prétentions des Hongrois leur paraissaient fondées : ils furent aussitôt rappelés, grâce aux intrigues de leurs collègues, et dépouillés du mandat qu’ils avaient reçu. Les passions n’étaient pas encore calmées quand la diète se sépara.

Dans le feu de la discussion, les Hongrois, qui se comparent volontiers aux Français, se sont laissés emporter plus loin que leurs « prudents et circonspects » adversaires ; mais au fond ils ne demandaient rien que de juste. Les Saxons eux-mêmes ont si bien compris qu’ils seraient mal venus cette fois à jouer leur rôle d’Allemands, qu’ils se bornèrent à demander la substitution du latin à leur propre langue. Cela prouve combien peu leur opposition était sérieuse. Le hongrois