Page:Auguste de Gérando - La Transylvanie et ses habitants, 1845, Tome II.djvu/85

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qui combattait avec eux, rangeait les troupes en bataille, un soldat valaque, envoyé par le traître Radul, jeta tout à coup des cris d’alarme et entraîna dans sa fuite les cavaliers soldés. L’infanterie se défendit d’abord avec courage : elle était composée d’écoliers, d’artisans et de villageois ; à la fin elle fut écrasée : ceux qui restaient s’enfuirent. Michel Weiss se fit tuer. Par ordre de Báthori sa tête fut exposée sur la place publique d’Hermannstadt ; mais un jour que grondait une tempête furieuse, le sanglant trophée disparut. Le Grand-Seigneur mit fin par un accommodement à la guerre que soutenait Cronstadt depuis trois années.

Les annales de Cronstadt signalent encore d’autres fléaux non moins terribles que la guerre. La peste décimait périodiquement la population que les Tatars avaient épargnée. Les habitants ont conservé le souvenir de plusieurs dates funestes qui du 14e au 19e siècle marquent le passage de l’épidémie. Il y a une quinzaine d’années que la peste parut pour la dernière fois. Elle s’était déclarée en Valachie, près de la frontière de Cronstadt, et l’on brûlait les effets des pestiférés pour arrêter les progrès de la contagion, quand une femme jeta par dessus la haie de sa cour un châle qu’elle voulait sauver. Le voisin qui le reçut partit bientôt après pour Cronstadt. Sa femme, qui l’accompagnait, tomba malade en arrivant et mourut. Les gens de la maison qu’elle habitait moururent aussi, et d’autres encore