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L’OISEAU

résoudre à s’en aller sans régler quelque chose avec elle, parce que le roi avait couru mille risques depuis qu’il était en cage. Le clou qui l’accrochait s’était rompu ; la cage était tombée, et sa majesté emplumée souffrit beaucoup de cette chûte. Minet qui se trouva dans la chambre lorsque cet accident arriva lui donna un coup de griffe dans l’œil, dont il pensa rester borgne. Une autre fois on avait oublié de lui donner à boire ; il manqua d’en avoir la pepie, quand on l’en garantit par quelques gouttes d’eau. Un petit coquin de singe s’étant échappé, attrapa ses plumes au travers des barreaux de la cage, et il l’épargna aussi peu qu’il aurait fait un geai ou un merle. Le pire de tout cela, c’est qu’il était sur le point de perdre son royaume ; ses héritiers faisaient tous les jours des fourberies nouvelles pour prouver qu’il était mort. Enfin l’enchanteur conclut avec sa commère Soussio qu’elle mènerait Truitonne dans le palais du roi Charmant ; qu’elle y resterait quelques mois, pendant lesquels il prendrait sa résolution de l’épouser, et qu’elle lui rendrait sa figure ; quitte à reprendre celle d’oiseau, s’il ne voulait pas se marier.

La fée donna des habits tout d’or et d’argent à Truitonne ; puis elle la fit monter en trousse derrière elle sur un dragon, et elles se rendirent au royaume de Charmant, qui venait d’y arriver avec son fidèle ami l’enchanteur. En trois coups de baguette il se vit le