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L’OISEAU

Le roi ne dormait point, et il entendait si distinctement la voix de Florine et toutes ses paroles, qu’il ne pouvait comprendre d’où elles venaient ; mais son cœur pénétré de tendresse, lui rappela si vivement l’idée de son incomparable princesse, qu’il sentit sa séparation avec la même douleur qu’au moment où les couteaux l’avaient blessé sur le cyprès ; il se mit à parler de son côté comme la reine avait fait du sien : « Ah ! princesse, dit-il, trop cruelle pour un amant qui vous adorait ! est-il possible que vous m’ayez sacrifié à nos communs ennemis ! » Florine entendit ce qu’il disait, et ne manqua pas de lui répondre, et de lui apprendre que s’il voulait entretenir la Mie-Souillon, il serait éclairci de tous les mystères qu’il n’avait pu pénétrer jusqu’alors. À ces mots, le roi impatient appela un de ses valets de chambre, et lui demanda s’il ne pouvait point trouver Mie-Souillon et l’amener ? Le valet de chambre répliqua, que rien n’était plus aisé, parce qu’elle couchait dans le cabinet des échos.

Le roi ne savait qu’imaginer : quel moyen de croire qu’une si grande reine que Florine fût déguisée en Souillon ? et quel moyen de croire que Mie-Souillon eût la voix de la reine, et sût des secrets si particuliers, à moins que ce ne fût elle-même ? Dans cette incertitude il se leva, et s’habillant avec précipitation, il descendit par un degré dérobé dans le cabinet des échos, dont la reine avait ôté la clef ; mais le roi en avait une qui ouvrait toutes les portes du palais.

Il la trouva avec une légère robe de taffetas