pêché Jean Caquet, botté de paille, courrier ordinaire du cabinet, pour aller dire au roi, que la princesse et Fanfarinet étaient descendus dans l’île des Écureils ; mais que ne connaissant pas le pays, il craignait les embuscades. À ces nouvelles, qui donnèrent beaucoup de joie à leurs majestés, le roi se fit apporter un grand livre dont chaque feuillet avait huit aunes de long : c’était le chef-d’œuvre d’une savante fée, où était la description de toute la terre. Il connut aussitôt que l’île des Écureuils n’était pas habitée : « Va, dit-il à Jean Caquet, ordonner de ma part à l’amiral de descendre promptement ; il se serait bien passé, et moi aussi, de laisser ma fille si long-temps avec Fanfarinet. »
Dès que Jean Caquet fut arrivé à la flotte, l’amiral fit battre les tambours, les timbales ; l’on sonne les trompettes, l’on joue du hautbois, de la flûte, du violon, de la vielle, des orgues, de la guitare ; voilà un tintamarre désespéré, car tous ces instrumens de guerre et de paix se faisaient entendre par toute l’île. À ce bruit la princesse alarmée courut vers son amant, pour lui offrir son secours. Il n’était pas brave ; le péril commun les réconcilia bien vite : « Tenez-vous derrière moi, lui dit-elle, je marcherai devant ; je découvrirai la pierre invisible, et je prendrai le poignard de mon père pour tuer les ennemis, pendant que vous les tuerez avec votre épée. »
La princesse invisible s’avança parmi les gens d’armes ; Fanfarinet et elle tuaient tout sans être