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LA PRINCESSE

et la princesse leur pardonnèrent, et le bon vieillard fut récompensé largement : il demeura toujours dans le palais.

Enfin le roi des Paons, fit toute sorte de satisfaction au roi et à son frère, témoignant sa douleur de les avoir maltraités. La nourrice rendit à Rosette ses beaux habits et son boisseau d’écus d’or ; et la noce dura quinze jours. Tout fut content, jusqu’à Fretillon, qui ne mangeait plus que des ailes de perdrix.

Le ciel veille pour nous ; et lorsque l’innocence
Se trouve en un pressant danger,
Il sait embrasser sa défense,
La délivrer et la venger.
À voir la timide Rosette
Ainsi qu’un alcion, dans son petit berceau
Au gré des vents voguer sur l’eau,
On sent en sa faveur une pitié secrète ;
On craint qu’elle ne trouve une tragique fin
Au milieu des flots abîmée,
Et qu’elle n’aille faire un fort léger festin
À quelque baleine affamée.
Sans le secours du ciel, sans doute elle eût péri.
Fretillon sut jouer son rôle
Contre la morue et la sole,
Et quand il s’agissait aussi
De nourrir sa chère maîtresse,
Il en est bien dans ce temps-ci
Qui voudraient rencontrer des chiens de cette espèce.
Rosette échappée au naufrage,
Aux auteurs de ses maux accorde le pardon,
Ô vous à qui l’on fait outrage,
Qui voulez en tirer raison,
Apprenez qu’il est bon de pardonner l’offense
Après que l’on a su vaincre ses ennemis,
Et qu’on en peut tirer une juste vengeance :
C’est ce que notre siècle admire dans Louis.