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LA BONNE

La fée l’accepta et la remercia ; elle mit la petite dans la corbeille qu’elle descendit en bas ; mais s’étant un peu arrêtée à reprendre sa forme de petite souris, quand elle descendit après elle par la cordelette, elle ne trouva plus l’enfant et remontant tout effrayée ; « Tout est perdu, dit-elle à la reine, mon ennemie Cancaline vient d’enlever la princesse ! il faut que vous sachiez que c’est une cruelle fée qui me hait ; et par malheur étant mon ancienne, elle a plus de pouvoir que moi. Je ne sais par quel moyen retirer Joliette de ses vilaines griffes. »

Quand la reine entendit de si tristes nouvelles, elle pensa mourir de douleur ; elle pleura bien fort, et pria sa bonne amie de tâcher de ravoir la petite, à quelque prix que ce fût.

Cependant le geôlier vint dans la chambre de la reine, il vit qu’elle n’était plus grosse ; il fut le dire au roi, qui accourut pour lui demander son enfant ; mais elle dit qu’une fée, dont elle ne savait pas le nom, l’était venu prendre de force. Voilà le méchant roi qui frappait du pied ; et qui rongeait ses ongles jusqu’au dernier morceau : « Je t’ai promis, dit-il, de te pendre ; je vais tenir ma parole tout à l’heure. En même temps il traîne la pauvre reine dans un bois, grimpe Sur un arbre, et l’allait pendre, lorsque la fée se rendit invisible, et le poussant rudement, elle le fit tomber du haut de l’arbre : il se cassa quatre dents. Pendant qu’on tâchait de les raccommoder, la fée enleva la reine dans son char volant, et elle l’emporta dans un beau château.