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PETITE SOURIS.

dit aux sujets du méchant roi, qu’elle voulait leur donner pour reine, la fille du roi Joyeux qu’ils voyaient, qu’ils vivraient contens sous son empire ; qu’ils l’acceptassent ; qu’elle lui chercherait un époux aussi parfait qu’elle, qui rirait toujours, et qui chasserait la mélancolie de tous les cœurs. À ces mots chacun cria : Oui, oui, nous le voulons bien ; il y a trop long-temps que nous sommes tristes et misérables. En même temps cent sortes d’instrumens jouèrent de tous côtés, chacun se donna la main et dansa en danse ronde, chantant autour de la reine, de sa fille et de la bonne fée : Oui, oui, nous le voulons bien.

Voilà comme elles furent reçues. Jamais joie n’a été égale. On mit les tables, l’on mangea, l’on but, et puis on se coucha pour bien dormir. Au réveil de la jeune princesse, la fée lui présenta le plus beau prince qui eût encore vu le jour. Elle l’était allé querir dans le char volant jusqu’au bout du monde ; il était tout aussi aimable que Joliette. Dès qu’elle le vit, elle l’aima. De son côté, il en fut charmé, et pour la reine, elle était transportée de joie. On prépara un repas admirable et des habits merveilleux. Les noces se firent avec des réjouissances infinies.

Cette princesse infortunée,
Dont tu viens de voir les malheurs,
Dans sa prison abandonnée,
Eût d’un destin cruel éprouvé les rigueurs,
Elle eût pleuré dans sa naissance
Juliette exposée à la mort,