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LE MOUTON.

laver le jour des noces de ma sœur, sans qu’il vous en soit rien arrivé de fâcheux. »

Le roi la reconnut avec d’autant moins de peine, qu’il avait trouvé plus d’une fois qu’elle ressemblait parfaitement à Merveilleuse. « Ah ! ma chère fille, dit-il en l’embrassant et versant des larmes, pouvez-vous oublier ma cruauté ? J’ai voulu votre mort, parce que je croyais que votre songe signifiait la perte de ma couronne. Il la signifiait aussi continua-t-il ; voilà vos deux sœurs mariées, elles en ont chacune une et la mienne sera pour vous. » Dans le même moment il se leva et la mit sur la tête de la princesse, puis il cria : « Vive la reine Merveilleuse ! Toute la cour cria comme lui : les deux sœurs de cette jeune reine vinrent lui sauter au cou et lui faire mille caresses. Merveilleuse ne se sentait pas, tant elle était aise : elle pleurait et riait tout à la fois ; elle embrassait l’une, elle parlait à l’autre, elle remerciait le roi, et parmi toutes ces différentes choses, elle se souvenait du capitaine des gardes, auquel elle avait tant d’obligation, et elle le demandait avec instance ; mais on lui dit qu’il était mort : elle ressentit vivement cette perte.

Lorsqu’elle fut à table, le roi la pria de raconter ce qui lui était arrivé depuis le jour où il avait donné des ordres si funestes contr’elle. Aussitôt elle prit la parole avec une grâce admirable ; et tout le monde attentif l’écoutait.

Mais pendant qu’elle s’oubliait auprès du roi et de ses sœurs, l’amoureux Mouton voyait