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LE MOUTON.

autres, aux coups de la fortune, et que souvent elles éprouvent les plus grands malheurs dans le moment où elles se croient au comble de leurs souhaits.

Souvent les plus beaux dons des Cieux
Ne servent qu’à notre ruine ;
Le mérite éclatant que l’on demande aux dieux,
Quelquefois de nos maux est la triste origine.
Le roi Mouton eût moins souffert,
S’il n’eût point allumé cette flamme fatale
Que Ragotte vengea sur lui, sur sa rivale :
C’est son mérite qui le perd.
Il devait éprouver un destin plus propice :
Ragotte et ses présens ne purent rien sur lui ;
Il haïssait sans feinte, aimait sans artifice,
Et ne ressemblait pas aux hommes d’aujourd’hui.
Sa fin même pourra nous paraître fort rare,
Et ne convient qu’au roi Mouton :
On n’en voit point dans ce canton
Mourir quand leur brebis s’égare.