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DE TOLÈDE.

proche de Cadix, où le comte de Fuentes avait des terres considérables.

Elle laissa une lettre pour lui, par laquelle elle le priait de la venir trouver et d’amener son neveu ; mais le comte de Fuentes, qui était fatigué depuis long-temps des bizarreries de sa femme, ne se pressa pas de l’aller rejoindre. Il bénit le ciel d’une séparation qu’il souhaitait depuis long-temps, et plaignit ses filles d’être sans cesse exposées aux méchantes humeurs de leur mère.

Lorsque dom Jaime et dom Fernand apprirent par dom Francisque le départ de leur maîtresses, ils en pensèrent mourir de chagrin, et cherchèrent tous les moyens imaginables dans leurs esprits de les rappeler à Madrid ; mais dom Francisque leur dit, que si l’on en mettait quelqu’un en usage, c’était le moyen de les empêcher d’y revenir. Lorsqu’ils virent donc que la chose était de ce côté-là sans remède, ils résolurent d’aller à Cadix, et de trouver quelques momens favorables pour les entretenir.

Ils prièrent si instamment dom Francisque d’être de la partie, qu’il ne put les refuser ; outre que le comte de Fuentes, qui ne voulait pas quitter la cour, fut très-aise que son neveu allât tenir compagnie à la comtesse, elle eut beaucoup de joie de le voir. Il se passa quelque temps sans qu’elle découvrit que dom Fernand et dom Jaime étaient arrivés ; ils voyaient ses filles le soir par une fenêtre grillée, qui donnait sur une petite rue où l’on ne passait point. En ce lieu ils se plai-