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DON FERNAND

loin, l’on saura jusqu’en leur pays la noblesse de votre naissance, et dans la suite cette visite se pourra joindre aux ornemens que vous mettez à votre arbre généalogique. » La comtesse qui ne manquait ni de curiosité ni de vanité, pensa qu’en effet cela ferait grand bruit dans sa province, de manière qu’elle parut ravie de la proposition de son neveu. « Vous pensez à tout, lui dit-elle, et je vous tiens un véritable compte de cette attention ; ne négligez donc rien pour me procurer le plaisir de recevoir dans ma maison ces excellences mahométanes. »

Dom Jaime et son cousin furent au-devant de dom Francisque, pour avancer de quelques momens la satisfaction qu’ils se promettaient d’apprendre des nouvelles de leurs maîtresses. Après avoir lu leurs lettres et l’avoir remercié des bons offices qu’il leur rendait auprès d’elles, dom Francisque leur dit que sa tante avait une passion extrême de voir les enfans de l’ambassadeur de Maroc, que le bon de la chose, c’est que ses couşines ne savaient rien du déguisement qu’il avait prémédité pour eux, et qu’elles auraient lieu d’en être surprises d’une manière qui plaît toujours. Il leur raconta alors ce qui s’était passé entre la comtesse et lui : « Je vous conseille, continua-t-il, de vous travestir et d’étudier les nouveaux personnages qu’il faut mettre sur la scène ; à mon égard, je vous promets d’y jouer fort bien le mien. »

Les deux amanş demeurèrent charmés de l’imagination de dom Francisque ; ils ne pouvaient