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SERPENTIN

« Vous venez de faire une chose qui me plaît infiniment ; vous saviez que cette eau pouvait embellir votre âme et votre personne, je voulais voir laquelle des deux aurait la préférence ; enfin, c’est votre âme qui l’a eue, je vous en loue, et cette action abrégera quatre ans de votre pénitence. — Ne diminuez rien à mes peines, répliqua la reine, je les mérite toutes, mais soulagez Serpentin Vert, qui n’en mérite aucune. — J’y ferai mon possible, dit la fée en l’embrassant ; mais au reste, puisque vous êtes si belle, je souhaite que vous quittiez le nom de Laidronette, qui ne vous convient plus, il faut vous appeler la reine Discrète. » Elle disparut à ces mots, lui laissant une petite paire de souliers, si jolis et si bien brodés, qu’elle avait presque regret de les mettre.

Quand elle fut remontée dans son chariot, tenant sa cruche pleine d’eau, les serins la menėrent droit au bois de la montagne. Il n’a jamais été un lieu plus agréable ; les myrtes et les orangers joignaient leurs branches ensemble, pour former de longues allées couvertes, et des cabinets où le soleil ne pouvait pénétrer ; mille ruisseaux de fontaines qui coulaient doucement, contribuaient à rafraichir ce beau séjour ; mais ce qui était le plus rare, c’est que tous les animaux y parlaient, et qu’ils firent le meilleur accueil du monde aux petits serins. « Nous croyions, leur dirent-ils, que vous nous aviez abandonnés. — Le temps de notre pénitence n’est pas encore fini, répartirent les serins ; mais