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VERT.

Vos soupirs se font entendre,
J’abandonne les cieux,
Et viens sécher les pleurs qui coulent de vos yeux ;
Pour vous je puis tout entreprendre :
Vous reverrez l’objet que vous aimez le mieux.
Rappelons Serpentin aux douceurs de la vie,
Et punissons ainsi sa cruelle ennemie.

La reine étonnée de l’éclat qui environnait l’Amour, et ravie de ses promesses, s’écria :

Jusqu’aux enfers je suis prête à vous suivre ;
Cet horrible séjour me paraîtra charmant,
Si je revois l’amant
Sans qui je ne saurais plus vivre.

L’Amour qui parle rarement en prose, frappa trois coups, en chantant merveilleusement bien ces paroles :

Terre, obéissez à ma voix.
Reconnaissez l’amour, ouvrez-nous un passage
Jusqu’an triste rivage
Où Pluton impose des lois.

La terre obéit, elle ouvrit son large sein, et par une descente obscure, où la reine avait besoin d’un guide aussi brillant que celui qui l’avait prise sous sa protection, elle arriva aux enfers ; elle craignait d’y rencontrer son mari sous la figure d’un serpent ; mais l’Amour, qui se mêle de rendre quelquefois de bons offices aux malheureux, ayant prévu là-dessus tout ce qui était à prévoir, avait déjà ordonné que Serpentin Vert deviendrait ce qu’il était avant sa pénitence. Quelque puissante que fût Magotine, hélas ! que pouvait-elle contre l’Amour ? de sorte que la première chose que la