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BIENFAISANTE.

comme il aurait fait sur le plus beau cheval du monde : en même temps les monstres vinrent au-devant de lui pour l’arrêter au passage ; ils se battent, l’on n’entend que le sifflement aigu des serpens ; l’on ne voit que du feu ; le soufre et le salpêtre tombent pêle-mêle : enfin le roi arrive au château ; les efforts s’y renouvellent, chauves-souris, hibous, corbeaux, tout lui en défend l’entrée ; mais le dragon avec ses griffes, ses dents et sa queue, mettait en pièces les plus hardis. La reine de son côté, qui voyait cette grande bataille, casse ses murs à coups de pied, et des morceaux elle en fait des armes pour aider à son cher époux ; ils furent enfin victorieux ; ils se joignirent ; et l’enchantement s’acheva par un coup de tonnerre, qui tomba dans le lac, et qui le tarit.

L’officieux dragon était disparu comme tous les autres ; et sans que le roi pût deviner par quel moyen il avait été transporté dans sa ville capitale, il s’y trouva avec la reine et Moufette, assis dans un salon magnifique, vis-à-vis d’une table délicieusement servie. Il n’a jamais été un étonnement pareil au leur, ni une plus grande joie. Tous leurs sujets accoururent pour voir leur souveraine et la jeune princesse qui, par une suite du prodige, était si superbement vêtue, qu’on avait peine à soutenir l’éclat de ses pierreries.

Il est aisé d’imaginer que tous les plaisirs occupèrent cette belle cour : l’on y faisait des mascarades, des courses de bagues, des tournois qui attiraient les plus grands princes du monde ;