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AU BOIS.

Toute sa maison était fort en peine d’elle : on la cherchait avec beaucoup d’inquiétude, on ne pouvait imaginer en quel lieu elle était ; ils craignaient même que quelques étrangers audacieux ne l’eussent enlevée, car elle avait de la beauté et de la jeunesse : de sorte que chacun témoigna une joie extrême de son retour ; et comme elle ressentait de son côté une satisfaction infinie des bonnes espérances qu’on venait de lui donner, elle avait une conversation agréable et brillante qui charmait tout le monde.

La fée de la fontaine la quitta proche de chez elle ; les complimens et les caresses redoublèrent à leur séparation ; et la reine étant restée encore huit jours aux eaux, ne manqua pas de retourner au palais des fées avec sa coquette vieille, qui paraissait d’abord en écrevisse, et puis qui prenait sa forme naturelle.

La reine partit, elle devint grosse, et mit au monde une princesse qu’elle appela Désirée : aussitôt elle prit le bouquet qu’elle avait reçu elle nomma toutes les fleurs l’une après l’autre, et sur-le-champ on vit arriver les fées. Chacune avait son chariot de différente manière, l’un était d’ébène, tiré par des pigeons blancs ; d’autres d’ivoire, que de petits corbeaux traînaient ; d’autres encore de cèdre et de cananbou. C’était là leur équipage d’alliance et de paix ; car lorsqu’elles étaient fâchées, ce n’étaient que des dragons volans, que des couleuvres qui jetaient le feu par la gueule et par les yeux ; que lions, que léopards, que panthères, sur lesquels elles