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AU BOIS.

dessus. » La reine lui promettait de veiller sans cesse à une affaire si importante ; mais comme sa chère fille approchait du temps où elle devait sortir de ce château, elle la fit peindre ; son portrait fut porté dans les plus grandes cours de l’univers. À sa vue il n’y eut aucun prince qui se défendit de l’admirer ; mais il y en eut un qui en fut si touché, qu’il ne pou vait plus s’en séparer. Il le mit dans son cabinet, il s’enfermait avec lui, et lui parlant comme s’il eût été sensible, qu’il eût pût l’entendre, il lui disait les choses du monde les plus passionnées.

Le roi, qui ne voyait presque plus son fils s’informa de ses occupations, et de ce qui pouvait l’empêcher de paraître aussi gai qu’à son ordinaire. Quelques courtisans, trop empressés de parler, car il y en a plusieurs de ce caractère, lui dirent qu’il était à craindre que le prince ne perdît l’esprit, parce qu’il demeurait des jours entiers enfermé dans son cabinet, où l’on entendait qu’il parlait seul comme s’il eût été avec quelqu’un.

Le roi reçut cet avis avec inquiétude : « Est-il possible, disait-il à ses confidens, que mon fils perde la raison ? il en a toujours tant marqué : vous savez l’admiration qu’on a eue pour lui jusqu’à présent, et je ne trouve encore rien d’égaré dans ses yeux, il me paraît seulement plus triste ; il faut que je l’entretienne, je démêlerai peut-être de quelle sorte de folie il est attaqué. »