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BLANCHE.

tre la reine en liberté et de lui rendre ses bonnes grâces, et pour le prier aussi de me donner à leurs ambassadeurs, afin d’être nourrie et élevée parmi elles. Les ambassadeurs étaient si petits et si contrefaits, car c’étaient des nains hideux, qu’ils n’eurent pas le don de persuader ce qu’ils voulaient au roi. Il les refusa rudement ; et s’ils n’étaient partis en diligence, il leur serait peut être arrivé pis.

» Quand les fées surent le procédé de mon père, elles s’indignèrent autant qu’on peut l’être, et après avoir envoyé dans ses six royaumes tous les maux qui pouvaient les désoler, elles lâchèrent un dragon épouvantable, qui remplissait de venin les endroits où il passait, qui mangeait les hommes et les enfans, et qui faisait mourir les arbres et les plantes, du souffle de son haleine.

» Le roi se trouva dans la dernière désolation ; il consulta tous les sages de son royaume sur ce qu’il devait faire pour garantir ses sujets des malbeurs dont il les voyait accablés. Ils lui conseillèrent d’envoyer chercher par tout le monde les meilleurs médecins et les plus excellens remèdes, et d’un autre côté, qu’il fallait promettre la vie aux criminels condamnés à la mort qui voudraient combattre le dragon. Le roi assez satisfait de cet avis, l’exécuta, et n’en reçut aucune consolation ; car la mortalité continuait, et personne n’allait contre le dragon, qu’il n’en fût dévoré ; de sorte qu’il eut recours à une fée dont il était protégé dès sa plus ten-