Page:Aulnoy - Contes des Fées (éd. Corbet), 1825.djvu/49

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
41
AUX CHEVEUX D’OR.

Avenant se trouva avec des personnes qui parlaient du retour de l’ambassadeur, et qui disaient qu’il n’avait rien fait qui vaille ; il leur dit, sans y prendre trop garde : « Si le roi m’avait envoyé vers la Belle aux Cheveux d’Or je suis certain qu’elle serait venue avec moi. » Tout aussitôt ces méchantes gens vont dire au roi : « Sire, vous ne savez pas ce que dit Avenant ? Que si vous l’aviez envoyé chez la Belle aux Cheveux d’Or, il l’aurait ramenée. Considérez bien sa malice, il prétend être plus beau que vous, et qu’elle l’aurait tant aimé, qu’elle l’aurait suivi partout. » Sur ce récit le roi se mit dans une si furieuse colère qu’il était hors de lui. « Ha ! ha ! dit-il, ce joli mignon se moque de mon malheur, et il se prise plus que moi. Allons, qu’on le mette dans ma grosse tour, et qu’il y meure de faim. »

Les gardes du roi furent chez Avenant, qui ne pensait plus à ce qu’il avait dit, ils le traînèrent en prison, et lui firent mille maux. Ce pauvre garçon n’avait qu’un peu de paille pour se coucher ; et il serait mort sans une petite fontaine qui coulait dans le pied de la tour, dont il buvait un peu pour se rafraîchir ; car la faim lui avait bien séché la bouche.

Un jour qu’il n’en pouvait plus, il disait en soupirant : « De quoi se plaint le roi ? il n’a point de sujet qui lui soit plus fidèle que moi ; je ne l’ai jamais offensé. » Le roi par hasard passait proche de la tour, et quand il entendit la voix de celui qu’il avait tant aimé, il s’arrêta