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LA CHATTE

pouvait regarder. La magnificence de mon ajustement surpassait, s’il se peut, celle du berceau. Toutes les bandes de mon maillot étaient faites de grosses perles, vingt-quatre princesses du sang me portaient sur une espèce de brancard fort léger ; leurs parures n’avaient rien de commun ; mais il ne leur fut pas permis de mettre d’autres couleurs que du blanc, par rapport à mon innocence. Toute la cour m’accompagna, chacun dans son rang.

» Pendant que l’on montait la montagne, on entendit une mélodieuse symphonie qui s’approchait ; enfin les fées parurent au nombre de trente-six ; elles avaient prié leurs bonnes amies de venir avec elles ; chacune était assise dans une coquille de perle plus grande que celle où Vénus était lorsqu’elle sortit de la mer ; des chevaux marins qui n’allaient guère bien sur terre, les traînaient plus pompeuses que les premières reines de l’univers, mais d’ailleurs vieilles et laides avec excès. Elles portaient une branche d’olivier, pour signifier au roi que sa soumission trouvait grâce devant elles ; et lors qu’elles me tinrent, ce furent des caresses si extraordinaires, qu’il semblait qu’elles ne voulaient plus vivre que pour me rendre heureuse.

» Le dragon qui avait servi à les venger contre mon père, venait après elles attaché avec des chaînes de diamans : elles me prirent entre leurs bras, me firent mille caresses, me douèrent de plusieurs avantages, et commencèrent en suite le branle des fées, C’est une danse fort