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LA CHATTE

de ne plus revenir, parce que j’appréhendais la vigilance de mes gardiennes, et qu’elles ne lui fissent un mauvais tour.

» Perroquet s’acquitta de sa commission en perroquet d’esprit. Chacun demeura surpris de le voir venir à tire-d’aile se percher sur l’épaule du prince, et lui parler tout bas à l’oreille. Le prince ressentit de la joie et de la peine de cette ambassade. Le soin que je prenais flattait son cœur ; mais les difficultés qui se rencontraient à me parler, l’accablaient, sans pouvoir le détourner du dessein qu’il avait formé de me plaire. Il fit cent questions à Perroquet, et Perroquet lui en fit cent à son tour, car il était naturellement curieux. Le roi le chargea d’une bague pour moi, à la place de ma turquoise ; c’en était une aussi, mais beaucoup plus belle que la mienne : elle était taillée en cœur avec des diamans. Il est juste, ajouta-t-il, que je vous traite en ambassadeur : voilà mon portrait que je vous donne, ne le montrez qu’à votre charmante maîtresse. Il lui attacha sous son aile son portrait, et il apporta la bague dans son bec.

» J’attendais le retour de mon petit courrier vert avec une impatience que je n’avais point connue jusqu’alors. Il me dit que celui à qui je l’avais envoyé était un grand roi, qu’il l’avait reçu le mieux du monde, et que je pouvais m’assurer qu’il ne voulait plus vivre que pour moi ; qu’encore qu’il y eût beaucoup de péril à venir au bas de ma tour, il était résolu à tout, plutôt que de renoncer à me voir. Ces