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AUX CHEVEUX D’OR.

hibou bien affligé, il pourrait s’être laissé prendre dans quelques filets. » Il chercha de tous côtés, et enfin il trouva de grands filets que des oiseleurs avaient tendus la nuit pour attraper les oisillons. Quelle pitié, dit-il, les hommes ne sont faits que pour s’entretourmenter, ou pour persécuter de pauvres animaux, qui ne leur font ni tort ni dommage ; il tira son couteau et coupa les cordelettes. Le hibou prit l’essor ; mais revenant à tire d’ailes : « Avenant, dit-il, il n’est pas nécessaire que je vous fasse une longue harangue, pour vous faire comprendre l’obligation que je vous ai ; elle parle assez d’elle-même : les chasseurs allaient venir, j’étais pris, j’étais mort sans votre secours ; j’ai le cœur réconnaissant, je vous le revaudrai. »

Voilà les trois plus considérables aventures qui arrivèrent à Avenant dans son voyage : il était si pressé d’arriver, qu’il ne tarda pas à se rendre au palais de la Belle aux Cheveux d’Or. Tout y était admirable ; l’on y voyait les diamans entassés comme des pierres, les beaux habits, l’argent, enfin, les choses les plus merveilleuses ; et il pensait en lui-même, que si elle quittait tout cela pour venir chez le roi son maître il faudrait qu’il jouât bien de bonheur. Il prit un habit de brocard, des plumes incarnates et blanches ; il se peigna, se poudra, se lava le visage ; il mit une riche écharpe toute brodée à son cou, avec un petit panier, et dedans un beau petit chien, qu’il avait acheté dans son chemin. Avenant était si