Page:Aulnoy - Contes des Fées (éd. Corbet), 1825.djvu/614

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ses yeux que le mauvais air.

— En vérité, dit le roi, je le crois comme vous. » Et poussant aussitôt son cheval, il entendit des instruments et des voix : il s’arrêta proche d’un grand salon dont les fenêtres étaient ouvertes, et après avoir admiré la douceur de cette symphonie, il s’avança.

Le bruit des chevaux obligea les princes à regarder : dès qu’ils virent le roi, ils le saluèrent respectueusement et se hâtèrent de sortir, l’abordant avec un visage gai et tant de marques de soumission qu’ils embrassaient ses genoux : la princesse lui baisait les mains comme s’ils l’eussent reconnu pour être leur père. Il les caressa fort, et sentait son cœur si ému qu’il n’en pouvait deviner la cause. Il leur dit qu’ils ne manquassent pas de venir au palais, qu’il voulait les entretenir et les présenter à sa mère. Ils le remercièrent de l’honneur qu’il leur faisait, et lui dirent qu’aussitôt que leurs habits et leurs équipages seraient achevés, ils ne manqueraient pas de lui faire leur cour.

Le roi les quitta pour achever la chasse qui était commencée, il leur en envoya obligeamment la moitié, et porta l’autre à la reine sa mère : « Quoi ! lui dit-elle, est-il possible que vous ayez fait une si petite chasse, vous tuez ordinairement trois fois plus de gibier.

— Il est vrai, repartit le roi, mais j’en ai régalé les beaux étrangers ; je sens pour eux une inclination si parfaite que j’en suis surpris moi-même, et si vous aviez moins peur de l’air contagieux, je