Page:Aulnoy - Contes des Fées (éd. Corbet), 1825.djvu/629

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et la pressa d’en goûter : au premier morceau son cœur se grossit ; les larmes lui vinrent aux yeux ; elle sortit de table en pleurant. Belle Étoile pleurait : ô dieux, quel sujet d’inquiétude pour Chéri ! Il demanda donc ce qu’elle avait : Petit Soleil lui dit en raillant d’une manière assez désobligeante pour sa sueur : elle en fut si piquée, qu’elle se retira dans sa chambre, et ne voulut parler à personne de tout le soir.

Dès que Petit Soleil et Heureux furent couchés, Chéri monta sur son excellent cheval blanc sans dire à personne où il allait, il laissa seulement une lettre pour Belle Étoile, avec ordre de la lui donner à son réveil ; et tant que la nuit fut longue, il marcha à l’aventure, ne sachant point où il prendrait la Pomme qui chante.

Lorsque la princesse fut levée, on lui présenta la lettre du prince, il est aisé de s’imaginer tout ce qu’elle ressentit d’inquiétude et de tendresse dans une occasion comme celle-là : elle courut dans la chambre de ses frères leur en faire la lecture, ils partagèrent ses alarmes, car ils étaient fort unis ; et aussitôt ils envoyèrent presque tous leurs gens après lui pour l’obliger de revenir sans tenter cette aventure, qui sans doute devait être terrible.

Cependant le roi n’oubliait point les beaux enfants de la forêt, ses pas le guidaient toujours de leur côté, et quand il passait proche de chez eux et qu’il les voyait, il leur faisait des reproches de ce qu’ils ne venaient point à son palais ; ils