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AUX CHEVEUX D’OR.

qui fut bien aise ? je vous le laisse à penser. Avenant lui donna vite sa fiole, et le hibou entra sans nul empêchement dans la grotte. En moins d’un quart d’heure, il revint rapporter la bouteille bien bouchée. Avenant fut ravi, il le remercia de tout son cœur ; et remontant la montagne, il prit le chemin de la ville bien joyeux.

Il alla droit au palais, il presenta la fiole à la Belle aux Cheveux d’Or, qui n’eut plus rien à dire : elle remercia Avenant, et donna ordre à tout ce qu’il lui fallait pour partir ; puis elle se mit en voyage avec lui. Elle le trouvait bien aimable, et elle lui disait quelquefois : « Si vous aviez voulu, je vous aurais fait roi ; nous ne serions point partis de mon royaume. » Mais il répondait : « Je ne voudrais pas faire un si grand déplaisir à mon maître pour tous les royaumes de la terre, quoique je vous trouve plus belle que le soleil. »

Enfin, ils arrivèrent à la grande ville du roi, qui sachant que la Belle aux Cheveux d’Or venait, alla au-devant d’elle, et lui fit les plus beaux présens du monde. Il l’épousa avec tant de réjouissances, que l’on ne parlait d’autre chose. Mais la Belle aux Cheveux d’Or qui aimait Ayenant dans le fond de son cœur, n’était bien aise que quand elle le voyait, et elle le louait toujours : « Je ne serais point venue sans Avenant, disait-elle au roi ; il a fallu qu’il ait fait des choses impossibles pour mon service : vous lui devez être obligé ; il m’a donné de l’eau de Beauté ; je ne vieillirai jamais ; je serai toujours belle. »