Page:Aulnoy - Contes des Fées (éd. Corbet), 1825.djvu/648

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lui avait coûté trop de peines et d’inquiétudes pour jouir si peu de sa conquête. Ils mon tèrent tous quatre à cheval, et laissèrent les empereurs et les rois à pied : car depuis deux ou trois cents ans qu’ils étaient là, leurs équi pages avaient péri.

La reine-mère, débarrassée de toute l’in quiétude que lui avait causée le retour des beaux enfans, renouvela sés instances auprès du roi pour le faire remarier, et l’importuna si fort, qu’elle lui fit choisir une princesse de ses parentes. Et comme il fallait casser le mariage de la pauvre reine Blondine, qui était toujours demeurée auprès de sa mère, à leur petite maison de campagne, avec les trois chiens qu’elle avait nommés Chagrin, Mouron et Douleur, à cause de tous les ennuis qu’ils lui avaient causés, la reine-mère l’envoya querir. Elle monta en ca rosse et prit les doguins, étant vêtue de noir, avec un long voile qui tombait jusqu’à ses pieds. En cet état, elle parut plus belle que l’astre du jour, quoiqu’elle fût devenue maigre et pâle ; car elle ne dormait point et ne mangeait que par complaisance pour sa mère. Tout le monde en avait grand’pitié ; le roi en fut si attendri, qu’il n’osait jeter les yeux sur elle. Mais quand il pensait qu’il ccurait risque de n’avoir point d’autres héritiers que des doguins, il consentait à tout.