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BLEU.

Florine avait un plaisir si sensible d’entendre parler son aimable amant, qu’elle ne se souvenait plus des malheurs de sa prison. Que ne lui dit-elle pas pour le consoler de sa triste aventure et pour le persuader qu’elle ne ferait pas moins pour lui qu’il avait fait pour elle. Le jour paraissait, la plupart des officiers étaient déjà levés, que l’Oiseau Bleu et la princesse parlaient encore ensemble : ils se séparèrent avec mille peines, après s’être promis que toutes les nuits ils s’entretiendraient ainsi.

La joie de s’être trouvés était si extrême qu’il n’est point de termes capables de l’exprimer ; chacun de son côté remerciait l’amour et la fortune. Cependant Florine s’inquiétait pour l’Oiseau Bleu : « Qui le garantira des chasseurs, disait-elle, ou de la serre aiguë de quelque aigle, ou de quelque vautour affamé, qui le mangera avec autant d’appétit que si ce n’était pas un grand roi ? Oh ciel ! que deviendrais-je, si ses plumes légères et fines, poussées par le vent, venaient jusque dans ma prison m’annoncer le désastre que je crains ? » Cette pensée empêcha que la pauvre princesse fermât les yeux ; car lorsque l’on aime, les illusions paraissent des vérités, et ce que l’on croyait impossible dans un autre temps, semble aisé en celui-là ; de sorte qu’elle passa le jour à pleurer, jusqu’à ce que l’heure fût venue de se mettre à sa fenêtre.

Le charmant Oiseau, caché dans le creux