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BLEU.

sens ? Ah ! que vous les connaîtriez mal ! — Non, madame, répliqua-t-il, je ne crois pas que les bagatelles que je vous offre soient nécessaires pour me conserver votre tendresse ; mais la mienne serait blessée si je négligeais aucune occasion de vous marquer mon attention ; et quand vous ne me voyez point, ces petits bijous me rappellent à votre souvenir. » Florine lui dit là-dessus mille choses obligeantes, auxquelles il répondit par mille autres qui ne l’étaient pas moins.

La nuit suivante, l’Oiseau amoureux ne manqua pas d’apporter à sa belle une montre d’une grandeur raisonnable, qui était dans une perle : l’excellence du travail surpassait celle de la matière. « Il est inutile de me régaler d’une montre, dit-elle galamment ; quand vous êtes éloigné de moi, les heures me paraissent sans fin ; quand vous êtes avec moi, elles passent comme un songe : ainsi je ne puis leur donner une juste mesure. — Hélas ! ma princesse, s’écria l’Oiseau Bleu, j’en ai la même opinion que vous, et je suis persuadé que je renchéris encore sur la délicatesse. — Après ce que vous souffrez pour me conserver votre cœur, répliqua-t-elle, je suis en état de croire que vous avez porté l’amitié et l’estime aussi loin qu’elles peuvent aller. »

Dès que le jour paraissait, l’Oiseau volait dans le fond de son arbre où des fruits lui servaient de nourriture ; quelquefois encore il chantait de beaux airs, sa voix ravis-