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BLEU.

y ai trouvées, répliqua Florine ; c’est tout ce que j’en sais. » La reine la regardait attentivement pour pénétrer jusqu’au fond de son cœur ce qui s’y passait. « Nous ne sommes pas vos dupes, dit-elle, vous pensez nous en faire accroire ; mais princesse, nous savons ce que vous faites depuis le matin jusqu’au soir. On vous a donné tous ces bijoux dans la seule vue de vous obliger à vendre le royaume de votre père. : — Je serais fort en état de le livrer, répondit-elle avec un sourire dédaigneux ; une princesse infortunée, qui languit dans les fers depuis si long-temps, peut beaucoup dans un complot de cette nature. — Et pour qui donc, reprit la reine êtes-vous coiffée comme une petite coquette, votre chambre pleine d’odeurs, et votre personne si magnifique, qu’au milieu de la cour vous seriez moins parée ? — J’ai assez de loisir, dit la princesse ; il n’est pas extraordinaire que j’en donne quelques momens à m’habiller : j’en passe tant d’autres à pleurer mes malheurs, que ceux-là ne sont pas à me reprocher. — Allons, voyons, dit la reine, si cette innocente personne n’a point quelque traité fait avec les ennemis. » Elle chercha elle-même partout ; et venant à la paillasse, qu’elle fit vider, elle y trouva une si grande quantité de diamans, de perles, de rubis, d’émeraudes et de topazes, qu’elle ne savait d’où cela venait. Elle avait résolu de mettre en quelque lieu des papiers pour perdre la princesse : dans le temps qu’on n’y prenait pas garde, elle en cacha dans la cheminée, mais par bonheur