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L’OISEAU

geôliere se fût réveillée, ils se dirent l’adieu du monde le plus touchant. Le lendemain encore l’espionne s’endormit ; la princesse diligemment se mit à la fenêtre, puis elle dit comme la première fois :

Oiseau Bleu, couleur du temps,
Vole à moi promptement.

Aussitôt l’Oiseau vint, et la nuit se passa comme l’autre, sans bruit et sans éclat, dont nos amans étaient ravis : ils se flattaient que la surveillante prendrait tant de plaisir à dormir, qu’elle en ferait autant toutes les nuits. Effectivement la troisième se passa encore très heureusement ; mais pour celle qui suivit, la dormeuse ayant entendu quelque bruit, elle écouta sans faire semblant de rien ; puis elle regarda de son mieux, et vit au clair de la lune le plus bel Oiseau de l’univers qui parlait à la princesse, qui la caressait avec sa pate, qui la becquetait doucement ; enfin elle entendit plusieurs choses de leur conversation, et demeura très étonnée ; car l’Oiseau parlait comme un amant et la belle Florine lui répondait avec tendresse.

Le jour parut, ils se dirent adieu ; et comme s’ils eussent eu un pressentiment de leur prochaine disgrâce, ils se quittèrent avec une peine extrême : la princesse se jeta sur son lit toute baignée de ses larmes, et le roi retourna dans le creux de son arbre. Sa geôlière courut chez la reine ; elle lui apprit tout ce qu’elle avait vu et entendu. La reine envoya querir Truitonne et ses confidentes ; elles raisonnèrent long-temps