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La Grenoüille

forte que vous me donnez des ordres que je ne puis executer : n’importe, dit l’impitoyable Lionne, je veux ce que je veux.

La Reine ne repliqua rien : elle penſa qu’en dépit de la cruelle Fée, elle n’avoit qu’une vie à perdre, & en l’eſtat où elle eſtoit, que pouvoit-elle craindre ? Au lieu donc d’aller chercher des mouches elle S’aſſit ſous un If, & commença ſes triſtes plaintes : Quelle ſera vôtre douleur, mon cher époux, diſoit-elle, lors que vous viendrez me chercher & que vous ne me trouverez plus ; vous me croirez morte ou infidelle, & j’aime encore mieux que vous pleuriez la perte de ma vie, que celle de ma tendreſſe ; l’on retrouvera peut-eſtre dans